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LA VIE EST BREVE ET LE DESIR SANS FIN

LA VIE EST BREVE ET LE DESIR SANS FIN

De Patrick LAPEYRE
Editions P.O.L. - Août 2010

Nora vit à Londres auprès de Murphy qui l’aime passionnément. Prise dans les illusions du sublime, elle revient s’installer quelques temps à Paris pour y suivre des cours de théâtre. Elle envoie un message à son ancien amant Louis Blériot.
Louis est marié avec Sabine : est-il question d’amour entre eux ? Pas sûr…
A l’annonce du retour de Nora, il est bouleversé. Seules les passions inachevées bouleversent à ce point le cœur des amants du passé. Essaiera t-il seulement de résister qu’il succombera de nouveau très vite dans les bras de Nora, mettant en péril un équilibre déjà fragile.

Louis est un fragile indécis, sa relation à Sabine est fragile, et Nora elle-même fragile de par sa personnalité fantasque.

De cette fragilité naît leur désir. Irraisonné, incontrôlable, un désir sans fin qui loin de leur permettre à tous deux de vivre l’amour dans le réel les entraîne dans un tourbillon d’exigence, de frustration et de souffrance… Qu’est ce que ce désir là s’il ne permet pas la construction amoureuse ? Et pendant que les amants subissent les affres de leur retrouvaille, Murphy attend à Londres une Nora qui continue de naviguer entre les deux hommes.

Le personnage de Murphy est un parallèle avec celui de Louis… alors que petit à petit Murphy se délie, se libère d’une étreinte douloureuse ; Louis s’enchaîne davantage à cette femme. Nous suivons l’expérience amoureuse de ces deux hommes que seul le désir de Nora a rapprochés.

Patrick Lapeyre nous avait subjugués par « l’homme sœur » déjà publié chez P.O.L. et qui avait reçu le prix « Livre Inter » en 2004. L’écriture y était bouleversante et nous découvrions un auteur qui ne cessera de nous confondre dans l’enfermement que supposent les amours impossibles. C’est le drame amoureux de ce siècle ou plutôt, un scénario répétitif à travers les âges qui malmène des hommes fragilisés dans leur existence intime… une sorte d’impossibilité à « être », prisonniers du désir que narre Patrick Lapeyre dans un style très subtil. Si l’histoire bouleverse il y mêle souvent une distance déroutante chargée d’humour, mais qui laisse toutefois le sentiment amer des amours qui finissent mal.

Un très beau roman en cette rentrée littéraire déjà très prometteuse.

Extrait : Dehors, il n’y a personne. Après avoir fermé la fenêtre, ils remontent dans la chambre, laissant la bouteille de vin au frais. Tu exagères. Je suis complètement morte, se plaint-elle en le suivant dans l’escalier. Deux ans lui rappelle-t-il en soulevant sa nuisette. Au moment de la quitter devant le portail du jardin, Blériot s’est penché pour essayer d’attraper ses lèvres dans l’obscurité, et Nora a fait un pas de côté en pouffant de rire. La seconde, il l’a encore manquée. Autant essayer d’embrasser un nuage. Il marche ensuite sous son parapluie jusqu’à la porte des Lilas. […] Une fois engagé dans la rue de Belleville, il téléphone par précaution à Nora. Elle dort déjà à moitié. Tu m’aimes ? dit-elle. Il se sent d’un seul coup soulagé, avec une envie de sauter à pieds joints dans les caniveaux. »