Nombre total de pages vues

LA PATIENCE DES BUFFLES SOUS LA PLUIE

LA PATIENCE DES BUFFLES SOUS LA PLUIE
De David THOMAS
Editions Pascuito – Janvier 2009

 « …il fait partie de ces livres à la fois formidablement simples et sobrement raffinés… »
Il serait tellement  plus simple et plus facile de recopier la Préface de Jean Paul Dubois (excusez du peu !) pour vous faire comprendre à quel point le premier livre de cet auteur est important.

Ce roman est composé de soixante dix nouvelles très courtes. Il y a un fil conducteur un peu flou mais qui fait le lien entre toutes pour qu’au final on s’aperçoive que c’est toute une vie d’homme dans ses attentes, ses espoirs, ses regrets …qui a défilée sous nos yeux.

Ces nouvelles sont très riches du fait que David THOMAS nous renvoie à nous-mêmes sans concessions,  mais avec une  improbable tendresse. Ces désespoirs pourraient être suicidaires, mais quelle distance et quel humour élégant dans ce regard sur l’humain.
Il oscille en permanence dans les paradoxes de la nature humaine. Ainsi, la nouvelle « J’aime pas »  décrit tout ce qu’il n’aime pas chez sa femme, et c’est une incroyable déclaration d’amour.

On lit ce livre en un souffle. On retrouve nos petites inquiétudes qui cachent les grandes peurs. Tout y est sensible, ce qui paraît lisse est torturé dans les profondeurs, de vagues macabres, de fonds sonores et de mauvais présages ; tout y est possible.

Extrait : « Ne me retire pas l’idée que s’aventurer est toujours plus vivifiant que se contenir, que ce qui s’élance a plus de grâce que ce qui se ramasse. Un jour qui se lève, aussi merdique soit-il, même en novembre, même par temps de pluie, est toujours plus prometteur qu’un soir de juin qui a tout dit ».

[…]

« Je sais qu’elle m’a aimé mais qu’elle ne m’aimera  jamais plus. Je n’en souffre pas. J’accepte son absence comme quelque chose d’irrémédiable. Je n’attends rien, je ne souhaite que de me retrouver seul sans son image floue. […] Alors, parfois, pour me rassurer et parce que je refuse de me battre inutilement contre ce qui me dépasse, je songe à ces buffles dans ces plaines africaines qui, lorsque l’orage s’abat sur la savane, se maintiennent solidement sur leurs quatre pattes, baissent la tête et attendent, immobiles, que cesse la pluie ».