VIVIANE ELISABETH FAUVILLE
DE Julia Deck –
Editions Minuit 2012
Quand les fantasmes morbides d’une femme abandonnée
deviennent réalité des faits, animés par le désir de destruction…
Viviane est juste au bout du rouleau. Elle déménage très
rapidement avec son enfant de quelques mois. Son mari la quitte pour une plus
jeune, une plus belle.
Scénario trop classique en littérature mais rendu fascinant
par le talent de Julia Deck dont c’est le premier roman.
Pourtant cette histoire commence un lendemain, elle berce
son enfant et Viviane Elisabeth se dit qu’il s’est passé quelque chose hier,
quelque chose de peu banals. Effectivement elle se revoit très bien être allée
de toute urgence chez son psy, s’être impatientée dans la salle d’attente puis
d’avoir eu un geste terrible envers le silence pesant de ce maudit psy… oui
effectivement elle lui a bien planté un couteau en plein cœur…
C’est un brouillard que va traverser cette femme tantôt
Viviane, tantôt Elisabeth, tantôt Viviane Elisabeth… tantôt « vous »,
tantôt « je » et tantôt « elle » en fonction des degrés de
narration, des degrés d’introspection et d’atteinte de cet intime au bord du
gouffre. Narration introspective partagée à l’autre… à la femme que nous sommes
aussi, blessée trahie en quête de sens ou de vérité.
N’avons-nous tous pas tous rêvé un jour d’assassiner notre
psy ? Ultime aboutissement du transfert quand on veut tuer son mari, son
compagnon… le rêve de supprimer sans préméditation ; mais très
compulsivement l’origine de la douleur pour qu’elle n’aie jamais existée ?
Que cela n’ait jamais eu lieu ; il faut une plume fine
alerte et exigeante pour accompagner la dérive de l’abandon.
Elle s’enfonce et se fond dans ce brouillard qu’elle rend
réel en infiltrant l’enquête de police sur la mort du psy ; elle
s’approche des témoins, de la trilogie femme maîtresse patient … quelques trucs
glauques ; jusqu’à l’arrestation finale. L’arrestation qui met fin à la
déroute et à la « folie » de Viviane Elisabeth Fauville… Mais reste
une énigme : Est-elle coupable ???
Il y a déjà un vrai univers chez Julia Deck qui relève oh
combien le niveau d’écriture sur des situations classiques. C’est comme un
polar, c’est pourtant un roman et c’est une révélation…