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De KIM THUY
Editions Liana Lévi - Janvier 2010
Voici un roman absolument superbe pour cette rentrée de Janvier. D'ailleurs ce n'est pas un roman, c'et peut-être un récit. Ecrit en fragments, pages après pages : ces fragments sont à l'image de la vie de cette jeune femme (l'auteur), une vie fragementée par l'Histoire.

En français, ru signifie "petit ruisseau" et, au figuré, "écoulement (de larmes, de sang, d'argent)" "Le robert historique). En vietnamien, ru signifie "berceuse" "bercer".

KIM THUY ou l'autobiographie d'une "femme puissante"

Kim Thuy a quitté le Vietnam avec d'autres boat people à l'âge de dix ans. Elle vit à Montréal depuis une trentaine d'années et a pratiqué toute sorte de métiers avant d'écrire ce livre en français. 

C'est un hommage au passé, au parcours de sa famille, aux déchirures de l'histoire. Née dans un milieu aisé de Saïgon : Ho Chi Minh change la donne, toute la famille est prise en otage dans leur maison. Petit à petit le plan se met en place, les parents organisent la fuite. 

Kim Thuy ne respecte pas de chronologie, elle passe d'un avant à un après, au gré de ses émotions, au fil de ses souvenirs. Elle dresse avec pudeur des portraits de famille troublant par la tendresse qu'elle y dessine, par la pudeur qu'elle y distille. 
Jamais de pathos, jamais de grandes envolées lyriques sur un avenir anéanti, de ce qui fut ses privilèges et de ce qu'aurait pu être un jour le Vietnam sans la guerre. Pas de rancoeur, pas de regrets. Aucune connotation politique ni idée de revanche... L'acceptation d'un destin, d'une grande élégance dans les émotions. Voici ce qui fait la force de ce livre. 

Les destins brisés de femmes nous en avons lu beaucoup depuis quelques temps (prix Goncourt 2009 - Marie N'daye) ; certains nous ont choqué, bouleversé ou tout simplement déçu.
Ici, on se surprend à sourire quelques fois à travers le sourire que pose Kim Thuy sur sa propre histoire.
A ne pas manquer...

Extrait : "Quand ma cousine Sao Mai s'est assise derrière moi pour m'envelopper de ses bras devant les appareils photos de ses deux fils, oncle Neuf m'a souri. Oncle Neuf me connaît mieux que je me connais parce qu'il m'a acheté mon premier roman, mon premier billet de théâtre, ma première entrée au musée, mon premier voyage".