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La jeunesse mélancolique....


LA JEUNESSE MELANCOLIQUE ET TRES DESABUSEE D’ADOLF HITLER
De Michel FOLCO
Editions STOCK – juin 2010

« La photo d’Adolf enfant dérange parce qu’elle montre un Hitler innocent, un Adolf avant qu’il devienne Hitler. Une photo qui entraîne la question de la transformation de ce poupin à l’air candide en assassin de masse ».
Ron Rosenbaum, « Pourquoi Hitler ? »

« Se lancer dans la tentative de comprendre Hitler, de comprendre tous les processus qui ont transformé cet enfant innocent en un tueur féroce, c’est courir le risque de rendre ses crimes compréhensibles, et par conséquent, admettre la possibilité illicite d’avoir à lui pardonner. Comprendre c’est pardonner, dit l’adage. »
Ron Rosenbaum, « Pourquoi Hitler ? »
Voilà définie toute la problématique de ce livre.
Dans son précédent livre « Même le mal se fait bien », nous avions lu un épisode dans lequel Marcello Tricotin se révélait être le demi-frère du père d’Adolf Hitler, et nous croisions ce dernier : enfant. Sans le savoir Marcello Tricotin en laissant une somme d’argent assez importante à la famille Hitler influençait le destin d’Adolf… Pure spéculation comme seul Michel Folco sait élaborer…
L’humour grinçant, cynique est toujours de mise dans cet opus. Pourtant nous ne parvenons jamais à oublier qu’il s’agit de la jeunesse DU monstre du XXème siècle.
Par ailleurs c’est un livre écrit avec une très grande intelligence chaque chapitre, au demeurant assez court, est introduit d’une citation, ou d’un extrait de témoignage de l’entourage d’Hitler…
De ce fait aussi, par toutes ses spéculations (non sans fondement) Michel Folco démystifie plus qu’il ne justifie le dictateur en devenir… Le personnage est pathétique mais nous n’éprouvons ni pitié ni haine… Il s’agit juste du constat d’un pauvre type à l’égo surdimensionné et ayant bénéficié des circonstances historiques pour s’infiltrer dans les rouages d’un chaos et mettre en place un des crimes le plus abominable qu’ait connu l’humanité. Ego surdimensionné comme le sera son œuvre dominatrice et destructrice.

Il y a juste dans cette fable la démonstration d’une logique implacable : L’esprit de revanche et de ressentiment sur la destinée qu’un être humain souhaite faire sienne au mépris de l’humanité.

Michel Folco est dans ce livre sans cesse sur le fil du rasoir. Jusqu’à présent dans la grande trilogie des Tricotin, on jubilait de voir le roman mettre en place la génétique de l’injustice et de la revanche… Jubiler à la lecture de cette histoire là : impossible ! Malgré tout, c’est une tentative comme une autre d’alléger tout ce que nous avons pu lire sur le sujet et tout ce qui nous heurtait. Ni témoignage, ni essai historique : plutôt un pamphlet… Il n’en reste pas moins que ce livre là est l’un des plus dérangeants sur le sujet. A ne pas lire avec sérieux, juste avec curiosité… et pour le plaisir de retrouver Michel Folco.

Extrait : « - Sauf votre respect, monsieur le recteur, il est tout à fait injuste de me recaler à une épreuve que j’ai si brillement réussie l’année dernière ! […]
-               Regardez, monsieur le recteur, regardez bien, et dites moi si je mérite d’être recalé !
Après un petit moment, le recteur réajusta ses lorgnons, renifla, déclara :
-Vous vous fourvoyez jeune homme, ces quelques portraits confirment d’une manière patente votre manque d'aptitude […]
Les joues en feu, la mèche sur l’œil, Adolf regroupa ses travaux avec des gestes d’automate déréglé. […]
Jour après jour, argument après argument, Adolf s’ingénia à reconstruire son moral, tel un maçon lève son mur. Il finit par se persuader d’avoir été injustement évincé de l’Académie, ainsi son talent de peintre architecte n’était pas remis en cause… Si je suis un génie, il n’y a qu’un autre génie qui peut le reconnaître… et comme il n’y en avait aucun dans le jury… »