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La belle embellie de Audur Ava Olafsdottir


L’EMBELLIE
Audur Ava OLAFSDOTTIR
Editions Zulma – Août 2012

« Maintenant que nous allons divorcer, il serait temps que j’apprenne à connaître mon mari ».

La narratrice est une femme de 33 ans. Elle est mariée depuis 5 ans. Son mari la quitte pour une autre femme qui attend son enfant.

Cette femme qui accepte le divorce sans drame, sans éclat de colère ni crise d’hystérie se laisse petit à petit déposséder.
Son métier ? Douée pour les langues, elle en parle plusieurs et traduit, corrige, retranscrit toute forme de textes. Depuis quelques mois elle a parmi ses clients l’un d’entre eux qui est devenu un amant occasionnel.  Une liaison sans conviction ni envergure. Elle ne se retrouve dans aucun des regards masculins qu’elle rencontre.

Elle est docile et sans ambition : une femme éteinte. Plutôt une femme non-affirmée, elle est décalée, bohème. Peu portée sur le matériel : l’essentiel est ailleurs ; mais elle ne sait pas encore où.

Son amie Undur hospitalisée, lui confie Tumi son fils de quatre ans. Un enfant pas tout à fait comme les autres. Petit, frêle, sourd (il lit sur les lèvres) et très myope. Tumi vit avec un appareil auditif et derrière de grandes lunettes aux verres épais : c’est un petit être très isolé.
Cette abandonnée souhaite partir en un long congé pour retrouver un désir qui lui appartiendrait totalement. Un désir d’être qu’elle a dû perdre un jour en enfance. Et Tumi,  l’isolé de l’enfance va l’accompagner.

Voici ce drôle de couple bancal en partance pour un « road movie » dans les contours limités de l’Islande. Ils partent « on the road » mais l’Islande n’a qu’une seule nationale : celle qui fait le tour de l’île. Parfois étouffante, inquiétante, la route de ces deux là est semée au sens propre comme au figuré, de  « nids de poule » !
Chacun s’adaptant à l’autre, se libérant pour mieux s’adopter.

Le récit est toujours tendre souvent fantasque aux détours d’incongruités et d’humour. Il n’y a pas d’éclats passionnés ou de révélation extraordinaire.
C’est juste une belle histoire de femme, un beau conte d’enfant. C’est surtout un grand coup de cœur pour cette rentrée.


Extrait : « Le petit ne veut pas de ma présence pendant qu’il aligne ses bonbons, parce qu’il est là de son propre chef, pas peu fier de faire ses achats tout seul et qu’il a l’air de trouver la vendeuse plutôt mignonne dans son T-shirt rose ; il la regarde fixement pour ne pas rater les syllabes formées par ses lèvres roses ; c’est difficile pour un petit garçon sourd de discerner les sons provenant de l’intérieur d’un chewing-gum ».